Le chemin des nuages blancs

En le mécanisant, l’homme ne s’est pas rendu maître du temps, mais son esclave, et plus il essaie d’en «gagner», moins il en possède. Il ne serait pas plus fou de vouloir capter une rivière dans un seau puisque ce qui fait la rivière, c’est le courant, la continuité de son mouvement ; il en va de même pour le temps. Seul celui qui l’accepte dans sa plénitude, dans son rythme éternel et créateur, essence même de sa continuité, peut le dominer et le faire sien. Accepté de cette façon, le temps, si l’on ne résiste pas à son courant, perd son pouvoir sur nous, et nous sommes portés par lui comme sur une vague, sans être submergés et sans perdre de vue notre éternité essentielle.

 

Lama Anagarika Govinda

Pèlerinages d’un moine bouddhiste au Tibet , p.95-96

Albin Michel 1998. Spiritualités vivantes