L’usage courant met sous les mots des significations diverses qui peuvent amener à des incompréhensions, notamment en ce qui concerne le nomadisme. La clarification des notions nécessaire pour établir une typologie met en évidence qu’à des modes d’habitat et de subsistance correspondent des représentations et des relations sociales spécifiques. C’est ce qui nous importe ici.
La typologie est simplificatrice : ce ne sont que des repères que je veux présenter et non des modèles. Elaborer une typologie revient à décrire la diversité de situations en la représentant sous forme de catégories ou de types. La typologie simplifie la réalité en la réduisant à quelques principaux types qui peuvent être décrits à partir de ses éléments invariants et de ses éléments variables
LE NOMADISME
– Approche empirique
Au vu des sociétés numériquement dominantes, la pensée et l’expression triviales (non scientifique) en opposition à la « sédentarité », le nomadisme désigne quelque chose qui bouge, qui se déplace, qui est en mouvement, par opposition à ce qui est fixe.
• Des organisations sociales mobiles dont les itinéraires définissent un espace exploité
Le mouvement, quel qu’en soit l’amplitude et les moyens utilisés pour le mettre en oeuvre (animaux, flottilles, marches à pieds, moyens motorisés, traction animale), se traduit dans notre jargon, par mobilité. Celle-ci incorpore une « manière de vivre » réalisée par des individus, des groupes, des sociétés, mues par des organisations sociales régies par des rapports sociaux (inégalitaires, relativement égalitaires, des relations de parenté -consanguinité et alliance-) et des relations de voisinage, relations toutes animées par des croyances qui organisent, de près ou de loin, la composition des groupes de déplacements; leurs itinéraires qui définissent un espace exploité.
Les manières de vivre associées à des modes d’habitat adéquats, très différentes des sociétés « non mobiles », c’est-à-dire fixes ou sédentaires, ne peuvent assurer ces manières de vivre qu’à travers des activités productrices spécifiques qui s’exercent sur des objets particuliers à l’aide de moyens appropriés. En conséquence, ces manières de vivre constatées par l’observation empirique reflètent des manières, des modes de produire particuliers fondés sur les moyens spécifiques nécessaires à la mise en oeuvre de ces manières de vivre différentes des sociétés où la fixité est déterminante.
Quels sont les moyens utilisés pour assurer la subsistance visant à maintenir des modes de vie mobiles relevant de l’observation empirique?
– Moyens des activités de chasse (instruments : filet, arcs, lances, javelots, pièges, etc.) utilisés pour prélever, entre autres, sa nourriture sur la faune sauvage ce qui oblige à des déplacements à pieds. Ces activités cynégétiques peuvent être dominantes ou secondaires; elles se combinent nécessairement à d’autres activités (cueillette par exemple). Le mode d’organisation sociale en est la bande et les sociétés qui les mettent en oeuvre sont les chasseurs-collecteurs ou chasseurs-cueilleurs tels que les Pygmées d’Afrique centrale qui évoluent dans des écosystèmes généralisés ou les Ogiek du Kénya.
– Moyens des activités de pêche (instruments : barques, filets, hameçons) visant à prélever sa nourriture sur les ressources aquatiques. L’organisation sociale qui incarne ces activités marines en est la flottille qui concernent les sociétés de pêcheurs-nomades. je pense ici aux Imraguen de Mauritanie et aux Moken d’Asie du sud-est et à un degré moindre aux Bozo du Mali et certains groupes sénégalais qui entretiennent toutes des relations avec les sociétés voisines de sédentaires.
L’instrument de déplacements en est la barque.
– Moyens des activités d’élevage (« instrument » : l’animal domestiqué, quel qu’il soit (petits ruminants, gros bétail), organisé en troupeaux issus de la faune domestique par l’intervention de l’homme et sous la surveillance ou le gardiennage de bergers et de chiens le cas échéant. L’animal a donné, à tort, le terme éleveur, sans distinction, générant ainsi un terme générique réduit au seuls mammifères. Les déplacements s’effectuent en troupeaux et l’organisation sociale concerne des groupes de nomadisation structurés autour de la parenté et/ou le voisinage.
Les sociétés concernées sont les pasteurs nomades, les agropasteurs, les agro éleveurs, les transhumants, les agro transhumants. L’objet de transformation étant l’utilisation de la ou des ressources que recèlent la nature.
– Moyens des activités de colportage. La particularité de ces activités réside dans le fait que leur substance n’est pas prélevée directement sur la nature, mais à travers des techniques de colportage organisées en métier et dont les instruments de déplacement sont fortement conditionnés par l’évolution de la technologie (roulotte, camping-car, camionnettes) introduisant une dimension historique permanente.
La mise en oeuvre de ces techniques est assurée par le voyage organisé (sans mauvais jeu de mots) par des groupes sociaux fondés sur la parenté proche ou lointaine et/ou le voisinage illustrés par ce qui est communément appelé les « gens du voyage » (Tziganes, Gitans, Manouches, Bohémiens).
Dans ces quatre cas, l’objet de travail et de transformation de la nature par l’homme, n’est pas la terre, d’une part et de l’autre ce ne sont pas des outils qui sont utilisés pour la transformer ou simplement l’utiliser.
En effet :
– Le pasteur utilise la et les ressources que recèle la nature par l’intermédiaire de l’animal.
– Le chasseur-collecteur prélève sur la faune sauvage à l’aide d’outils qui s’exercent sur la faune sauvage produite par la nature mais pas par la terre
– Le pêcheur prélève sur la mer
– Le « voyageur » utilise des technologies qui transforment la matière mais pas la terre. Ses activités dominantes relèvent du colportage.
Ainsi, on constate que dans ces quatre cas, la ressource et l’objet de transformation n’est jamais la terre.
Dans ces quatre cas, la relation de l’homme à la nature que l’on ne peut assimiler à la terre, est fortement mais pas exclusivement, médiatisée par :
– l’animal domestiqué
– la faune sauvage
– la mer
– la matière
En conséquence, une première observation empirique autorise à définir le nomadisme comme étant un mode de vie mobile assuré par des groupes sociaux organisés qui entretiennent avec la nature des relations organiquement médiatisées par des moyens particuliers qui induisent des activités spécifiques adaptées à l’exploitation des ressources que recèle la nature.
Le nomadisme est aussi une manière de produire qui vise à des formes particulières d’utilisation de la nature à l’aide de moyens irréductibles à l’outil.
Ces moyens sont :
– La faune domestique : c’est l’animal qui utilise la nature, la ressource, sous la conduite partielle de l’homme. Cette faune domestique, pour ce qui nous concerne, va du renne au mouton. Elle est l’intermédiaire qui permet d’accéder, de s’approprier la ressource (végétale et minérale) par la consommation.
– La faune sauvage : (c’est un appendice de la nature. Elle consiste à établir une relation particulière à la ressource animale et la relation de l’homme à la nature s’exerce ici par un prélèvement sur la faune sauvage : l’homme est tributaire de celle-ci.
Faune domestique ou faune sauvage, dans les deux cas, c’est l’animal qui est l’objet d’intervention et dans les deux cas l’animal établit une relation à la ressource.
– La faune aquatiqe : il en va de même que dans le cas de la faune sauvage. Il y a prélèvement
– La matière : c’est là un cas particulier qui pose problème dans la typologie du nomadisme que je propose car le recours à la technologie incorpore l’outil. Intégrer les « gens du voyage » dans la typologie du nomadisme peut se faire sur les critères de la mobilité mais s’insère mal dans les critères que j’ai voulu retenir pour définir le nomadisme.
• Des sociétés qui définissent des territoires sociaux à l’intérieur de territoires naturels
Par delà cette restriction et ce problème réel, dans les quatre cas présentés, les activités quelles soient cynégétiques, pastorales, piscicoles ou de colportage, sont assurées par des sociétés qui définissent des territoires sociaux à l’intérieur de territoires naturels.
– Les chasseurs-collecteurs définissent des « territoires de chasse » à l’intérieur de territoires occupés par des faunes sauvages dont chacune d’entre elle les défend. Le territoire de chasse est circonscrit par l’occupation d’une faune sauvage particulière qui elle même protège et défend son territoire au sens « politique » du terme, à l’encontre d’autres faunes sauvages compétitrices et prédatrices.
Le chasseur-collecteur ne fait que détecter la présence de cette faune sauvage pour la suivre et décider du moment propice à son intervention, ce qui fait intervenir ses connaissances et ses savoir-faire.
– Les pasteurs nomades définissent des « terrains de parcours » composés de pâturages à l’intérieur d’espaces qui recèlent des ressources végétales et minérales naturelles. Ces terrains de parcours concernent un espace pastoral composé de ressources naturelles nécessaires à la consommation annuelle de ces ressources visant à la reproduction des écosystèmes pastoraux.
Le « nomadisme » recouvre donc un mode de vie qui nécessite des déplacements et donc de la mobilité pour se reproduire et ce réalisé à l’aide de moyens médiateurs qui s’exercent sur tout autre objet que la terre.
Le nomadisme est donc aussi une technique de production spécifique, un mode d’exploitation de la nature adapté, animé par des groupes organisés selon des rapports spécifiques à chaque société et selon des formes parentales diverses. Il définit des formes d’occupation et d’exploitation humaine de l’espace, flexibles, soucieuses de la reproduction des ressources utilisées, et conditionnées par des règles ou des usages qui induisent les conditions d’accès et d’utilisation des ressources.
Toute société nomade combine nécessairement des activités multiples d’une manière organique ou non (par apport extérieur). Il n’y a donc pas de nomadisme pur.
Le nomadisme n’est-il pas un rapport social particulier qui met en oeuvre un ensemble de relations matérielles, émotionnelles, sociales et idéelles qui sont produites par les interactions d’individus et de groupes auxquels ils appartiennent (lignage, clan, familles étendues, familles restreintes, familles conjugales, parentèle, de voisinage). Ces relations émotionnelles, idéelles constituent la part subjective des rapports sociaux relatifs aux représentations et aux valeurs qui donnent du sens par rapport aux autres et par rapport à soi même.
Ce rapport social particulier composé de multiples facettes en interactions concourt à construire une identité à la fois globale et multiple que l’on peut caractériser, pour le moment, comme identité nomade qui recèle des spécificités notoires (mobilité, représentation de l’espace, connaissances de ce que recèle la nature, cosmos particulier, etc.) qui s’oppose à d’autres identités non nomades et plus particulièrement à une identité sédentaire. Celle-ci fait de l’homme un être qui transforme directement la nature, en l’occurrence, la terre, et ce à l’aide d’outils.
Le nomadisme peut ainsi se définir comme un rapport social de nature multiple (économique, politique, religieux, culturel, parenté) car il a capacité à rassembler et à incorporer dans un tout (qui lui confère une identité spécifique supplémentaire) des groupes d’individus qui forment une société voisine connue et reconnue par d’autres comme étant commune et/ou différente. Ainsi on peut parler de « société pastorale » car la vie sociale, les croyances sont fortement conditionnées par tout ce qui gravite autour du troupeau (propriété, transmission, exploitation, circulation, reproduction sociale, etc.) qui doit se déplacer (avec les hommes) d’où la mobilité conséquente à la faible productivité des ressources fourragères et du recours unique à un stock fourrager sur pied. On constate ainsi une dépendance notoire à l’égard des ressources fourragères ce qui oblige à la mobilité et aux déplacements.
Ces groupes humains peuvent être organisés en clan, en lignage, flottille, caravane, bande, etc. qui leur donne une identité plus globale. Au sein du nomadisme, il y a des spécialisations (des spécificités) mises en oeuvre par des activités particulières qui s’exercent à l’aide d’objets appropriés et organisés.
L’ensemble de ces relations construisent et perpétuent la vie pratique sous toutes ses composantes. Un des aspects spécifiques de ce rapport social est la mobilité des hommes organisés en groupes dont la flexibilité est nécessaire à la réalisation de leurs activités, visant à leur survie et à la reproduction de ce rapport en utilisant les ressources offertes par la nature.
• Mobilité , flexibilité et dispersion
La mobilité est un système de déplacements dont la structure dominante repose sur des cycles induits par les conditions écologiques et climatiques. Les premières constituent le support matériel de la société. Dans des conditions normales, ce système de déplacements vise à une occupation humaine et animale rationnelle afin de préserver les conditions de reproduction des ressources naturelles, à savoir le tapis végétal, les pâturages aériens et les ressources minérales.
Cette « mobilité-système de déplacements » met en oeuvre un ensemble de techniques de production qu’elle incorpore et qui sont générées par le système économique. En ce sens on peut considérer la mobilité comme étant un aspect particulier des activités humaines et animales comme étant elle même une technique de production. Elle incorpore et synthétise, transforme d’autres techniques maîtrisées par le berger (tels que le gardiennage, l’utilisation du chien, des cris, connaissance du milieu. Ces techniques de production maîtrisées par le berger sont inhérentes aux comportements du troupeau domestiqué (instinct grégaire, rôle de l’animal leader, connaissance des pâturages), autant de comportements encore plus développés dans les troupeaux non domestiqués. Il va de soi que la technique ne se réduit pas à l’outil et l’on doit s’extraire d’une conception instrumentaliste, voire fétichiste de la technique.
Quant à la flexibilité, la tendance générale la décrit comme un phénomène d’adaptation aux fluctuations écologiques et climatiques. Cette interprétation me paraît réductrice car la flexibilité dans ce cas ne serait qu’une variante de la mobilité qui interviendrait dans des conditions de déséquilibre. Il me semble plutôt que la flexibilité s’intègre dans un système économique et social qui conditionne les mouvements d’amplitude des déplacements et la composition des unités résidentielles, des unités de nomadisation, des unités de voisinage, qui fluctuent en permanence.
C’est en ce sens que la flexibilité est consubstantielle de la mobilité et que « mobilité et flexibilité » constituent un couple interactif qui caractérise le nomadisme. Mobilité et flexibilité sont également des composantes du système de représentations.
La tactique militaire pastorale-nomade (Genghis Khan, rezzous Touaregs) est basée sur la mobilité des hommes et des troupeaux qui est elle-même consubstantielle de la dispersion. Ces deux notions – mobilité et dispersion – ne s’opposent pas. Elles ne peuvent d’ailleurs pas s’appréhender d’une manière évolutionniste, linéaire. En effet, il ne peut y avoir dispersion sans mobilité : ce sont deux techniques consubstantielles spécifiques aux sociétés nomades quelles qu’elles soient.
La dispersion renverrait à :
– capacités d’adaptation aux aléas climatiques
– capacités de réponse face aux épizooties animales et aux maladies humaines contagieuses
– technique de production qui permet la reproduction des ressources naturelles (spécifique à l’élevage extensif) et qui autorise à envisager la conscience d’un « seuil de reproduction » qui renvoie à la conscience de la capacité de charge du producteur primaire et visant ainsi à la préservation de la biodiversité et à la conservation des pâturages
– la faible productivité fourragère
Elle se traduit par :
– l’espacement de l’habitat sur un même terrain de parcours
– l’amplitude, la distance de ces espacements entre habitat sur un même espace
– une densité humaine faible.
En conséquence la question est la dispersion est-elle une technique spécifique au nomadisme? Est-elle également une technique de production qui participerait du vocabulaire relatif aux activités humaines qui se nouent autour de la terre? Les techniques de jachère des terres peuvent elles être considérées comme des pratiques, des techniques de production de dispersion visant à la reproduction des terres, à maintenir leur productivité? De mon point de vue la dispersion est une pratique qui met en oeuvre une technique qui est dans ce cas la mobilité. La dispersion n’est donc pas simplement une variante de la flexibilité : c’est une pratique.
La mobilité relève d’une technique de production indissociable de la flexibilité alors que la dispersion est une pratique (au même titre que l’agrégation du troupeau) qui concerne la conduite du troupeau à des fins d’utilisation des ressources naturelles et de valorisation du troupeau. (Pygmées : experts de la forêt : Africa N°1 08/09/08)
Le pastoralisme nomade
Essai de typologie
1 – Pastoralisme et sémantique
Ce n’est pas donner dans le fétichisme des mots que de vouloir procéder à des clarifications d’ordre conceptuel ou notionnel. Celles-ci peuvent éviter des malentendus et des confusions qui génèrent quelquefois des incompréhensions, induisent de mauvaises interprétations ou révèlent une conception non appropriée au monde nomade.
Pasteurs, nomades et éleveurs
S’il est commode et d’usage d’opposer agriculteurs et pasteurs, (le plus souvent d’ailleurs il s’agit d’une opposition agriculteurs éleveurs ; on y reviendra) le clivage est loin d’être tranché dans les faits. La catégorie même de pasteur peut masquer des réalités bien différentes. Pour cerner cette diversité, il convient, tout d’abord d’éviter le fréquent et usuel amalgame qui se fait entre pasteurs et nomades.
Le pastoralisme désigne une forme de production selon laquelle l’existence matérielle et la reproduction sociale d’un groupe humain s’organisent autour de l’appropriation, de l’exploitation et de la circulation du troupeau. Le nom qui lui est associé est celui de pasteurs. Le terme pastoralisme est consubstantiel à pasteur, pâtre (et donc berger), paître, troupeau, bétail, pâture, pâtis, pâturage, pacage. En fait, il concerne les troupeaux de bétail ruminants (petits ou gros). À ce terme est immédiatement associé le nom de pasteur qui se distingue de celui d’éleveur. En effet, celui-ci n’est pas destiné à l’usage exclusif de personnes dont les activités concernent le troupeau, quelle qu’en soit la nature. Éleveur est aussi bien utilisé pour désigner quelqu’un qui élève du bétail que des poulets, des truites, des abeilles ou des chats. En conséquence, le terme pasteur est plus approprié que celui d’éleveur : il le précise et lève donc des ambiguïtés.
Quant à la qualification de nomadisme, il s’applique à un mode de résidence et d’occupation de l’espace fondé sur la mobilité.
Il en découle que la diversité des sociétés pastorales peut s’appréhender par un croisement de ces deux catégories (des pasteurs pouvant, ou non, être nomades). Par ailleurs, on se doit de tenir compte des nuances que l’on rencontre sur chacun de ses deux axes de classification.
Il existe bien des degrés dans la mobilité. On constate de multiples gradations depuis le « grand nomadisme » qui peut déplacer tout un lignage (ensemble de personnes issues d’un ancêtre éponyme réel ou fictif) en compagnie de ses troupeaux jusqu’à un nomadisme de petite amplitude qui voit les animaux se replier à certaines périodes de l’année sous la conduite de bergers, vers des pâturages de proximité et retourner chaque soir, en stabulation, au village. De surcroît, le degré de mobilité d’un groupe n’est jamais définitif : il est flexible et fluctue selon des variables conjoncturelles. C’est ainsi que, du point de vue de la mobilité, comme à beaucoup d’autres égards, les oppositions ne sont jamais tranchées et de multiples nuances peuvent s’exercer au sein d’un même groupe (lignage ; tribu ; groupe domestique).
Les nuances sont tout aussi fréquentes en ce qui concerne le pastoralisme. En effet, une population peut dépendre plus ou moins exclusivement du bétail pour sa reproduction matérielle, sociale et familiale. On soulignera que bien des populations de tradition pastorale peuvent combiner structurellement, ou d’une manière complémentaire et secondaire, le pastoralisme à d’autres activités qui occupent parfois une place non négligeable dans leur organisation culturelle ainsi que dans leur mode de vie.
Populations pasteurs nomades
Elles sont constituées d’acteurs et d’utilisateurs mobiles et flexibles, des ressources naturelles minérales et végétales par l’intermédiaire de bétail (gros et petits ruminants) organisé en troupeaux plus ou moins encadrés par des bergers accompagnés très souvent de leur chien. Ces populations évoluent sur un espace flexible. Elles véhiculent des représentations particulières de l’espace et s’inscrivent dans un temps souvent défini par des contraintes liées aux conditions d’utilisation des ressources naturelles.