IMAGES DE SOI, IMAGES DU MONDE

Marie-Claire DOLGHIN-LOYER

Bulletin n°14 – Image

Pour se représenter à soi-même la réalité du monde et de soi, pour communiquer avec autrui, l’humanité dispose de divers langages. Langage des sensations corporelles, le premier qui advienne au nouveau né ; langage des sons et des bruits qui l’entourent ; paroles de ceux qui le soignent dont il peut saisir l’intention sans en comprendre apparemment le sens dans un premier temps ; langage des images que sa vision capte du monde qui l’entoure. Toute cette construction des représentations s’organise pendant les premières années et s’articule au langage parlé en même temps que les diverses conceptualisations viennent à la conscience, en même temps aussi que les affects et les émotions viennent colorer le sens de ce qui advient. Dans cette construction de la psyché qui allie la découverte du monde extérieur à celle des espaces intérieurs du moi, le langage parlé vient marquer les étapes du développement. Mais ce langage parlé s’appuie à tout moment sur les images qui viennent l’illustrer.  Chaque mot se trouve à la fois relié à une ou à des images, à des sensations ainsi qu’à des émotions. L’ensemble formant une complexité, un réseau de significations qui donnent chair à la réalité qui nous entoure comme à ce qu’on peut appeler la réalité de l’âme.

Le langage parlé apparaît le plus souvent comme essentiel, pour l’expression comme pour la communication entre soi et l’autre. Mais on oublie à quel point il se construit sur le support des images. Elles sont toujours là, dessinant dans notre esprit le contour de ce qui est exprimé. La poésie en est un des meilleurs exemples. Les sanglots longs des violons de l’automne nous en disent bien plus que le concept de nostalgie. Ce que ces images expriment c’est alors la couleur de l’affectivité et des émotions qui caractérisent le concept de nostalgie. La richesse sensorielle, affective, émotionnelle des images donne alors à la pensée une chair qui la rend plus vivante, plus humaine aussi. Elles acquièrent une valeur symbolique. Nous avons besoin des images à tout moment de notre vie. C’est aussi ce que nous apportent les récits mythiques, les légendes et les contes, les contes traditionnels comme les contes modernes des livres d’enfants. J’aimerai explorer quelques unes de ces traditions où la valeur et l’importance de l’image sont encore renforcées.

 Narcisse

C’est le drame d’une incapacité à aimer qui enferme Narcisse dans un destin tragique. Le mythe ne nous dit rien de cette incapacité, si ce n’est qu’elle sera punie. Narcisse c’est le bel indifférent que les nymphes aiment sans que seulement il les voie. Et c’est dans le miroir d’une source qu’il trouvera le chemin de sa mort. Indifférent aux autres, se connaît-il lui même ? Il tombe amoureux de sa propre image et, dans cette illusion obsessionnelle, se consume et meurt. Freud a pris cette figure pour illustrer la problématique de l’investissement du moi, autant dans la phase normale du développement de l’enfant que dans celle, perverse, d’une orientation unilatérale du sujet sur lui même. Pourquoi Narcisse est-il si indifférent, et comment tombe-t-il dans l’illusion que cet autre, dans le miroir de la source, est une image d’un être qui lui est extérieur, un autre à aimer désespérément ? Ce qui est impossible. L’enfant qui se regarde dans le miroir sait très précocement que ce n’est qu’une image, que la photo qu’on prend de lui n’est qu’une photo, une représentation, comme le dessin par lequel il se représente sur la feuille de papier. Il a fait très tôt, dès la deuxième année, la différence entre ce qu’il ressent de lui-même et la représentation que lui en donne le miroir, la photo, le dessin. Il s’est déjà regardé dès les premières heures de sa vie dans le miroir des yeux de sa mère, il a déjà perçu la dualité entre le sentiment de soi et la représentation que l’on en donne et que le regard de l’autre, ou celui du miroir, nous renvoie. Cette différenciation entre soi et l’image que l’on en donne est un des stades du développement psycho affectif. Narcisse n’avait-il pas de mère qui l’ait suffisamment regardé, pour lui construire un narcissisme qui lui permette d’aimer autrui ? 

 Miroirs magiques

Le miroir est cependant magique puis qu’il renvoie une image qui semble  fidèle. De quand datent les premiers miroirs ? Nous ne le savons pas. Déjà le regard d’autrui est un miroir qui nous renvoie notre image, mais aussi les sources, les surfaces réfléchissantes de certains métaux apparus très tôt. Sont-ils fidèles ? Image, mirage ? Le miroir peut-il nous tromper ? L’idée apparaît aussi d’un miroir qui dirait plus que la réalité supposée. Un miroir qui parlerait de l’avenir ou des choses cachées. Le miroir de la Belle Mère de Blanche Neige qui a même la parole et répond à ses questions. Il possède un savoir absolu. C’est cependant le narcissisme de la Belle Mère qui lui fait le consulter : est-elle toujours la plus belle ? Et c’est la figure de Blanche Neige qui est alors évoquée.

 La Reine des Elfes dans Le Seigneur des Anneaux souffle sur une coupe magique et dans le miroir de l’onde se dessine l’avenir inquiétant, les ombres qui menacent  la Terre du Milieu. Un miroir qui dit la vérité, un miroir qui parle d’avenir sombre. Que regardons nous dans notre miroir au matin d’une nuit songeuse ?  Quelle image de nous allons-nous quérir pour renforcer le sentiment de nous-mêmes ?

Mais il y a aussi ces contes où le héros passe de l’autre côté du miroir et découvre un autre monde, un au delà, le monde des fées, des ondines, des esprits, des Djinns. Le miroir en nous renvoyant notre image nous cache-t-il une autre réalité ?

Il y a aussi ces images qui s’animent et dans lequel le sujet pénètre pour s’y perdre ou pour disparaître comme dans cette belle nouvelle de Marguerite Yourcenar : Comment Wang-Fô fut sauvé. Le vieux peintre Wang-Fô préfère à la réalité du monde l’image qu’il en donne par ses peintures. Il parcourt les provinces suivi de son fidèle disciple Ling quand l’empereur envoie ses sbires pour le convoquer. Le jeune prince, élevé dans la seule contemplation de son œuvre, a découvert en explorant le monde que celui-ci était bien moins beau que les tableaux qui avaient enchanté son enfance.  Il condamne l’artiste à avoir les mains coupées, les yeux brûlés. Mais avant le supplice il demande à Wang-Fô de compléter une marine inachevée. Déjà Ling a été décapité. Wang-Fô prend ses pinceaux et commence à nuancer la vague d’une teinte bleutée, puis il dessine une barque, et voilà que Ling est là une écharpe rouge autour du cou, bien vivant cependant, et voilà que l’eau monte dans la salle du palais, noyant peu à peu les courtisans et le Fils du ciel immobiles. Wang-Fô prend le gouvernail tandis que Ling tient les rames, et la barque s’éloigne tandis que l’onde submerge le palais. Bientôt la barque n’est qu’un point à l’horizon, l’eau redescend, quelques flaques subsistent sur le marbre et une toile où l’on voit l’onde bleutée, la vague puissante et au loin l’esquif qui disparaît emportant le peintre et son disciple. Image mirage plus forte que la réalité, ouvrant au fantastique. 

 Contes

 La tradition des contes est une tradition orale et elle remonte à la nuit des temps. Le conteur pour mettre le récit en mémoire peut s’appuyer sur certaines formules rythmées qui reviennent comme des antiennes, mais surtout il visualise son récit comme nous le ferions en nous remémorant un film ou une aventure qui nous est arrivée, et cette visualisation toute intérieure conduit le récit dans la logique du déroulement des images. C’est une mémoire tout à la fois visuelle et auditive qui soutient le conteur. J’aimerai proposer ici un conte d’origine tchèque dont le déroulement s’appuie sur des images saisissantes, toutes signifiantes, et remarquables symboliquement : Mahouléna ou le pèlerin pétrifié. On trouve dans les contes de Grimm un récit Le fidèle Jean qui doit avoir les mêmes sources.
 
Mahouléna ou le pèlerin pétrifié

 Dans les couloirs du palais du roi d’un lointain royaume un jeune prince mélancolique se promenait. Après la mort de sa mère, son père s’était remarié et la nouvelle reine s’était montrée autoritaire et méchante. Le roi s’isolait souvent dans une pièce où personne d’autre que lui ne pouvait pénétrer et dont il gardait jalousement la clef. Or un jour le jeune prince trouva la porte ouverte et, en entrant, il découvrit le portrait d’une femme merveilleusement belle. En rapportant la clef à son père il lui demanda qui elle était. 

     C’est ta mère mon fils, « La Dame dorée », lui répondit le roi.

Le jeune homme déclara alors qu’il n’épouserait qu’une femme qui soit au moins aussi belle que ce portrait, et son père fit exposer celui-ci aux portes du palais pour que celui ou celle qui connaîtrait pareille femme le fit aussitôt savoir. Puis il envoya des messagers aux quatre coins de son royaume pour la même quête. Mais touts revinrent bredouilles. Le portrait resta exposé, excitant la jalousie meurtrière de la belle mère, et le jeune prince retourna à ses promenades solitaires. Pourtant un jour un pèlerin s’arrêta devant le portrait et déclara : « Mahouléna la fille du roi du sud est cent fois plus belle ». On le conduisit aussitôt devant le roi et le prince. Le pèlerin déclara que, si le jeune homme voulait l’accompagner et lui obéir en tout pendant le voyage, il pourrait le conduire jusque dans le royaume de Mahouléna.

Le jeune homme accepta et les deux hommes partirent. Ils cheminèrent dans une épaisse forêt et parvinrent, la nuit tombant, dans une clairière où ils virent les lumières d’une chaumière. Etant entrés ils découvrirent là un très vieil homme vêtu de blanc, qui écrivait dans un grand livre rouge à la lueur des chandelles. Ils demandèrent l’hospitalité mais le vieillard ne leur répondit que par un signe en leur montrant l’appentis garni de foin. Nos deux voyageurs s’installèrent pour la nuit et le prince s’endormit aussitôt. Mais le pèlerin veillait derrière ses paupières à demi fermées.

A minuit, dans un grand bruit d’ailes, trois corneilles pénétrèrent dans la maison et se transformèrent aussitôt en trois jeunes femmes au visage grave.

Père, dirent-elles pouvons nous parler ?

Vous le pouvez mes filles, les voyageurs dorment, qu’avez-vous vu ?

J’ai volé, dit la première sur le monde large et lointain et j’ai vu le fils du roi et le pèlerin qui cherchent Mahouléna. Deux chemins s’offrent à eux. L’un à droite est facile et plat ; s’ils le prennent ils ne la trouveront jamais. L’autre à gauche est marécageux et accidenté, s’ils le prennent ils ont une chance de le découvrir.

J’ai volé, dit la seconde, sur le monde large et lointain et j’ai vu le prince dans la maison de Mahouléna. S’il la regarde le premier jour, il en mourra. Il lui faudra le premier jour, ne regarder que ses pieds, le second jour que sa taille, et le troisième jour il pourra la regarder toute entière.

J’ai volé, dit la troisième, sur le monde large et lointain et j’ai vu le prince dans la maison de Mahouléna. Devant lui un repas sera servi. S’il mange tout la première fois il en mourra. Il lui faudra manger un tiers du repas le premier jour, un tiers le second jour, et le repas tout entier le dernier jour. Et s’il prononce une seule parole ce sera sa mort.

Alors elles se transformèrent à nouveau en corneilles en disant :

Que celui qui répétera ce qu’il a vu et entendu dans cette cabane soit changé en pierre. Et elles s’envolèrent.

Le vieillard nota les paroles de ses filles dans son grand livre rouge et le ferma. Puis il éteignit les chandelles et tout le monde s’endormit. Au matin quand les voyageurs se préparèrent à partir le vieil homme était dehors à contempler le soleil levant et ne leur adressa pas plus la parole que la veille.

Les deux hommes reprirent leur route et se trouvèrent bientôt à l’embranchement de deux chemins.  Prenons le plus facile, s’écria le prince ! Mais le pèlerin lui rappela sa promesse et lui conseilla le chemin marécageux et accidenté. C’est ainsi qu’ils arrivèrent bientôt, sans encombres, dans le royaume de Mahouléna. Le prince voulait tout aussitôt s’y rendre. « Cherchons un gite, conseilla le pèlerin et demain tu iras la voir ». Et le lendemain, quand le prince se préparait, il lui donna les conseils entendus la nuit dans la chaumière.

Le premier jour donc le prince se présenta dans la demeure de Mahouléna. Son cœur battait la chamade. Mahouléna descendit l’escalier de pierre et le prince, tête baissée, regarda ses souliers dorés. La tentation était forte de regarder plus haut mais il se détourna et n’eut aucune peine à ne manger qu’en tiers du repas tant son émotion était grande. Il ne dit mot. Le second jour, il sut de nouveau résister à la tentation de regarder trop vite. Son regard monta lentement jusqu’à la taille, le long de la robe bleu nuit, jusqu’à la ceinture dorée. Il n’eut pas plus de peine que la veille pour se montrer frugal devant le repas servi et de n’en prendre qu’un tiers. Cette fois encore il ne dit mot.

Quand vint le troisième jour c’est en tremblant qu’il leva les yeux vers le visage de Mahouléna et sa beauté était si resplendissante, avec sa chevelure dorée et ses yeux étincelants comme des diamants, qu’il manqua de s’évanouir. Alors elle s’avança vers lui et lui prit la main :

Enfin te voilà mon fiancé que j’attendais, allons voir mon père et tu lui feras ta demande en mariage. Les noces furent bientôt célébrées et au bout d’un mois les jeunes mariés se préparèrent à repartir vers le royaume du prince. Le père de Mahouléna, qui était un peu devin, leur souhaita un heureux voyage et se retira dans sa tour pour consulter les étoiles. Le pèlerin qui les accompagnait leur demanda de repasser par la chaumière où ils s’étaient arrêtés à l’aller. Et quand ils y arrivèrent,  à la nuit tombante, tout se passa comme la première fois. Mahouléna et le prince s’endormirent bien vite. Mais le pèlerin veillait derrière ses paupières demi closes. Les trois corneilles entrèrent et se transformèrent, comme la première fois, en trois jeunes femmes.

   Père, dirent-elles pouvons nous parler ?

 Vous le pouvez mes filles, les voyageurs dorment, qu’avez-vous vu ?

 J’ai volé dit la première sur le monde large et lointain et j’ai vu la reine qui prépare une boisson empoisonnée, si le prince la boit son cœur éclatera en morceaux.

J’ai volé dit la seconde sur le monde large et lointain et j’ai vu la reine qui est en train de dresser un cheval. Si le prince le monte il l’emportera à sa perte et le noiera dans le Danube.

J’ai volé dit la troisième sur le monde large et lointain et j’ai vu la reine. Elle est sorcière et peut se transformer en dragon. Si elle pénètre dans la chambre du prince et de la princesse il en sera fait d’eux.

Puis elles dirent toutes ensembles : « que celui qui répètera ce qu’il a vu et entendu dans cette cabane soit changé en pierre ! » elles reprirent leur forme de corneilles et s’envolèrent pendant que le vieillard notait leurs paroles dans son livre rouge. Au matin il regardait le soleil levant quand les voyageurs prirent congé et il ne leur répondit pas plus que la première fois.

Ils arrivaient aux approches de la ville du prince quand un serviteur en livrée verte se présenta, un verre de vin à la main et le tendit au prince en guise de bienvenue de la part de la reine. Le prince allait le boire quand le pèlerin le lui prit des mains et demanda au serviteur de le goûter avant. Le serviteur pâlit, avala le vin et s’écroula raide mort. Un murmure d’effroi parcourut la foule qui était venue à leur rencontre. C’est alors qu’un deuxième serviteur en livrée rouge s’approcha avec un superbe étalon noir : « La reine ma maitresse t’offre ce pur sang en guise de bienvenue » dit-il. Déjà le prince dont c’était le rêve allait le monter, mais le pèlerin s’approcha, demandant au serviteur de le monter lui-même. Ce dernier pâlit, monta, et l’étalon l’emporta au grand galop jusqu’au Danube où il se précipita avec son cavalier. Un murmure d’effroi plus grand encore parcourut la foule et c’est en silence qu’ils s’approchèrent du château. Le roi était tout à la joie de revoir son fils et d’admirer la beauté resplendissante de la princesse. La reine tentait de faire bonne figure et de cacher sa jalousie meurtrière. On décida d’un grand banquet. La fête battait son plein quand le soir cependant le pèlerin demanda au prince de ne pas dormir dans sa chambre et de le laisser cette nuit là veiller sur la princesse. Et quand ce fut minuit le pèlerin vit un dragon pénétrer dans la chambre. Tirant alors son épée il le tua et jeta le cadavre par la fenêtre dans les douves du château, mais la princesse se réveilla alors qu’il remettait l’épée au fourreau.  Effrayée elle se mit à hurler. Tout le monde, ameuté par ses cris, accourut, et le pèlerin fut accusé d’avoir voulu tuer la princesse. Il fut tout aussitôt condamné à mort. Alors il dit :

Un sortilège veut que je sois pétrifié si je révèle la vérité.

Le prince voulait lui faire confiance, le roi voulait savoir. C’est ainsi que le pèlerin raconta tout et fut changé en pierre. Le prince ne se consolait pas de cette perte. Il fit mettre la statue de son ami dans le jardin. Le temps passa. Un an plus tard, jour pour jour, alors que le prince revenait de la chasse il vit passer dans le ciel trois corneilles, et quelle ne fut pas sa surprise de comprendre leur langage ! La première disait :

 Le prince ne sait pas que la princesse sa femme vient d’accoucher

Il ne sait pas qu’elle a mis au monde un beau garçon à la chevelure dorée, portant une étoile au milieu du front, dit la seconde.

Et la troisième disait : le prince pleure son ami, il ne sait pas qu’une seule goutte du sang de son fils lui rendrait la vie.

Et elles s’envolèrent. Le prince partit au galop vers le château et au grand effroi des servantes il saisit l’enfant nouveau né et retournant auprès de la statue de son ami lui fit une petite entaille de son couteau de chasse. Une goutte de sang coula et le pèlerin revint à la vie. Et c’et ainsi que depuis ils coulent des jours heureux.

La richesse des images de ce conte  rend le récit  particulièrement visuel. Tristes couloirs du château et beauté du tableau découvert par la porte ouverte. Image idéalisée de la mère, et son transfert vers le désir d’une épouse. Viennent les étapes d’un chemin où les visions dominent. Nuits d’initiation où apparaissent les figures du destin, le grand vieillard blanc et ses filles oiseaux. Le livre rouge où il consigne leurs paroles. Puis l’indispensable maîtrise de soi, du désir, des pulsions, dans la maison de Mahouléna et la vision toute progressive de la femme magique, chaussures dorées, robe bleu nuit, ceinture dorée, chevelure solaire, diamant des yeux, les couleurs viennent encore symboliser l’idéal féminin, mais aussi les valeurs de la connaissance nocturne. Des couleurs encore pour symboliser l’envie et la violence de la belle mère : les livrées vertes et rouges des serviteurs. Le dragon et l’épée ensanglantée du pèlerin… Enfin, la statue de pierre que la rouge goutte de sang d’un enfant nouveau né viendra réanimer. A notre sensibilité les images disent plus que le discours conceptuel. Elles nous enchantent et viennent donner au récit la profondeur poétique qui ouvre à d’autres dimensions de l’esprit que le discours rationnel.  Elles sont précieuses et indispensables. 

Quelques sources

Geneviève Guy Gillet, La Blessure de Narcisse, Ed. Albin Michel Paris 1994
Marguerite Yourcenar, Nouvelles Orientales, Ed. Gallimard, Paris 1963
Marie-Claire Dolghin Loyer, Les saisons de l’âme, 4°Ed. Dervy Médicis, Paris 2010

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