LIMITES : BORNES ET FRONTIÈRES…

Jacques CHOPINEAU

Bulletin n°10 – Limites

Toutes les activités humaines connaissent une limite. Aucune n’est immortelle… Le monde humain est marqué par l’impermanence. L’historien de l’art,  Jakob Burkhardt rappelait : La durée de vie d’un phénomène quelconque est une limite : le soir viendra.  

Et ainsi que le disait Ludwig Wittgenstein :  » Les limites de mon langage sont les limites de mon propre monde. » De fait, tout ce que nous pouvons connaître est limité par ce que nous pouvons nommer. Nul ne peut connaître ce qu’il ne peut nommer. De même c’est, selon le texte de la Genèse, le premier Adam qui nomme les animaux …

Il reste que les limites sont aussi diverses que les domaines auxquels elles s’appliquent. Le propre des compétitions sportives est toujours de déplacer la limite d’un record précédent. De même, un alpiniste tente d’aller plus haut, ou plus vite, qu’on ne l’a fait avant lui. Cependant, la pratique d’un sport ne se limite pas à un résultat mesuré. Et de même, l’alpinisme ne se réduit pas à l’altitude d’un sommet gravi : La préparation, l’escalade, la redescente… ne sont pas séparables de l’aventure. Et la performance actuelle n’est pas séparable de la longue et difficile préparation.

Ainsi en est-il de toutes les limites : l’avant et l’après ne sont pas étrangers aux limites actuelles : ils en font partie. Ainsi, l’enfant n’est pas mort dans le vieillard. Ni l’homme libre dans le prisonnier dont la vie est bornée par des murs proches. Rêves, imagination, espoirs… ne connaissent pas les limites actuelles…

Certes, la vie est limitée. Entre l’enfance et la vieillesse, la vie s’accomplit. Toutes les espèces vivantes connaissent ce processus. Dans l’intervalle, cependant, nombreuses sont les limites qui devront être définies et, éventuellement, franchies… 

Choisir telle limite plutôt que telle autre, revient à définir son champ propre. Quelles sont les limites du sacré et du profane, du licite et de l’illicite, du bien et du mal… autant de distinctions qui sont à la source de ces distinctions qui fondent, pour le meilleur et pour le pire, les groupes humains.

frontières 

Deux mots sur ces limites nommées «frontières»… Cas nouveau dans l’histoire des hommes : les frontières sont des limites étroitement marquées. Non qu’il n’y ait pas eu, jadis, de frontières, mais – sauf là où une frontière naturelle marquait visiblement la différence – ces limites n’étaient pas marquées par cette  ligne impérieuse, qui est ce que nous nommons une frontière.

En fait, un territoire frontalier était « presque » étranger.  Au-delà, nous serions vraiment en terre étrangère. Mais en deçà, nous sommes encore dans notre pays. Ce sont là des limites (limes), non une ligne fixe. Tel est le sens ancien du mot gvul en hébreu biblique. Le même mot signifie exactement « frontière » en langue moderne, conformément à l’usage qui définit aujourd’hui la frontière.

Les frontières modernes sont –dit-on- intangibles, mais cela peut être contradictoire avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Combien de peuples ne sont-ils pas, aujourd’hui, divisés par des frontières « intangibles » ? Lors même que des deux côtés ainsi définis un même peuple habite.

Ils ont nombreux ces peuples qu’une frontière divise. Il arrive même qu’un peuple soit morcelé en quatre pays différents. C’est le cas du peuple Kurde. Mais un peuple hongrois est en partie Roumain, Serbe, Dalmate, Slovaque… Un peuple Kikongo est Congolais (Kinshasa), Congolais (Brazzaville) ou Angolais. Les exemples sont nombreux…

Il reste que les frontières sont intangibles  en vertu d’ « accords » internationaux. Certes,  les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes, mais seulement si cela convient aux puissants du moment. Dans le cas contraire, les frontières sont intangibles. Imaginaires, peut-être, mais intangibles !

De fait, les puissants du moment invoquent tantôt l’un tantôt l’autre : droit des peuples ou frontières intangibles… selon que cela les avantage. Le Kossovo, oui ; mais l’Abkhazie, non ! La vérité des uns n’est pas toujours celle des autres !

Ajoutons que le cas du Kossovo ouvre la porte à d’autres révisions de frontières. Une Catalogne, un pays basque etc… Ce qui va bien dans le sens d’un choix (déjà fait, mais non dit) d’une Europe qui se construirait sur l’éclatement des anciennes nations. La grande union étant alors celle de peuples unis dans l’adhésion à une Europe-OTAN hyperlibérale. Cela pourrait d’ailleurs être la source de grandes divergences démocratiques et de crises à venir.

Citons encore le cas de la Turquie : européenne ou non ? En fait, la discussion est en trompe l’oeil. Les USA sont de chauds partisans de cette inclusion. Pourquoi ? C’est que la Turquie est le plus gros pilier «européen» de l’OTAN. Et la seule figure de l’Europe qui trouve grâce aux yeux des américains et de leurs suivants est une Turquie «européenne» au sein d’une «Europe» alignée …  

En fait, les frontières (ces limites territoriales) sont fluctuantes au gré des puissances qui les définissent. Elles peuvent d’ailleurs changer au fil de l’histoire. Yougoslavie ou Tchécoslovaquie en sont des illustrations, pour ne rien dire de ces pays qui ont été limités par des frontières politiquement imposées au gré de puissances alors souveraines (Albanie, Arménie, Hongrie…).

Il faut encore faire mention de ces frontières fabriquées comme ces «murs» qui séparent des populations selon la volonté d’une puissance dominante. On se souvient du mur de Berlin dont on a célébré la chute. Mais d’autres murs subsistent. Ainsi ce mur arbitraire qui sépare aujourd’hui Israël et les territoires palestiniens occupés. Ou encore ce mur qui est censé séparer les Etats Unis et le Mexique.

On s’est toujours réjoui de la chute des murs, mais ces murs trouvent des défenseurs tout le temps qu’ils existent.  Pour les emmurés, cependant, l’espérance est que le mur s’écroule… ce qui finit toujours par arriver, avec le temps.  Limites nouvelles, mondes nouveaux…

Langues et usages

Mais il est aussi d’autres frontières qui ne sont pas marquées par des lignes imaginaires comme ces frontières politiques. La langue aussi définit une frontière. La religion peut être une autre frontière. Le style, les goûts, les coutumes, les usages… sont autant de limites possibles pour les communautés humaines. De là, l’importance de ces différences entre chez nous opposé à un usage senti comme étranger. Chez nous, on ne fait pas ça !

D’ailleurs, une attitude sentie ici comme juste peut aussi être sentie, ailleurs, comme religieuse.  Ainsi, l’interdiction de déplacer les bornes qui marquent les limites d’une propriété.  Ou encore, l’interdiction d’attenter aux droits des personnes sans puissance.

Les frontières, les limites, déterminent ainsi un espace à l’intérieur duquel tel comportement est admis, mais à l’extérieur duquel il est interdit. C’est le sens du mot « limite » (gvûl) dans de nombreux textes bibliques

« Ne déplace pas la borne (gvul) ancienne
que tes pères ont posée »
                                                       Prov. 22,28

« Ne déplace pas la borne ancienne
et n’entre pas dans le champ des orphelins »
                                                       Prov. 23,10

Ce proverbe fait écho à un texte égyptien (Sagesse d’Amenémopé) :

 » N’emporte pas la borne placée aux limites de la terre arable , ne déplace pas le cordeau de la mesure ; ne convoite pas une coudée de terre, et n’empiète pas sur les limites du terrain d’une veuve ». (1)

Ici la limite (ou la frontière) détermine le domaine à l’intérieur duquel l’action est bonne. Le comportement trace des limites au-delà desquelles il se manifeste en rupture avec un ordre senti comme juste. Au delà commence une zone interdite. Jusque là : c’est permis ; au-delà : c’est interdit (par Dieu, par la loi, par l’usage…). Les définitions sont nombreuses, comme aussi les coutumes, les usages, les croyances… Il n’est d’ailleurs pas de société sans lois. Tout groupe humain définit des interdits. Autant dire qu’il définit ses limites. 

Dans un seul pays, au sein d’une même culture et d’une même religion, on peut d’ailleurs connaître des différences. Ce qui unit un peuple peut être ce qui divise les individus en fonction d’une compréhension différente. Une histoire Hassidique est un exemple d’une telle compréhension nouvelle.  

La cigogne (Hassida en hébreu… nom qui rappelle le mot Hassid «juste»). serait ainsi appelée parce qu’elle serait bonne pour les siens (tradition populaire analogue à ce qu’on disait, chez nous, du pélican…).  

A la remarque étonnée d’un disciple : Pourquoi la cigogne est-elle rangée au nombre des animaux impurs ? (selon une loi juive). Réponse du maître : C’est parce qu’elle n’est bonne que pour les siens.

Et voilà une nouvelle limite définie : être bon pour les siens n’est pas être bon pour tous ! De même, chaque être vivant connaît ses propres limites :

 » … chacun poursuit sa course,
comme un cheval qui s’élance au combat.
Même la cigogne dans le ciel connaît sa saison ;
la tourterelle, l’hirondelle et la grue
observent le temps de leur retour ;
mon peuple, lui, ne connaît pas la règle du Seigneur »
                                                        Jérémie 8, 6-7

L’homme est sans doute au centre de la création, mais nombreuses sont les circonférences autour de ce centre. Et les limites (permises) des uns ne sont pas celles des autres…

Limites terrestres, limites vécues…

La terre est limitée. Ses ressources ne sont pas inépuisables. De sorte qu’un monde centré sur le profit est un monde qui est, à terme, condamné. Il convient de saluer la sagesse d’un Gandhi pour qui la terre produit assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour les convoitises de chacun.

Il faut aussi rappeler ce proverbe amérindien : « Lorsque le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l’homme s’apercevra que l’argent n’est pas comestible ».

Dans notre monde voué à la performance, à l’efficacité, au rendement, au rapport financier… les différences économiques et sociales sont nombreuses. Frontières mouvantes d’ailleurs : être pauvre dans un pays pauvre n’exclut ni solidarité, ni dignité. Par contre, être pauvre dans un pays riche est proche de la misère… On voit que les limites sont bien différentes selon les plans considérés.

Dans d’autres cultures vieillesse et sagesse sont supposées marcher ensemble. De là ce respect des patriarches, des anciens… Mais dans une moderne société marchande, les vieillards, à moins d’être très riches ou très célèbres, sont refoulés dans des zones d’oubli non-marchand qui sont les limbes d’une société dynamique.

Rappelons encore une règle courante de ce qu’on nomme « le marché de l’art ». La valeur risque d’être mesurée en termes de chiffre des ventes. Le beau n’est pas chiffrable, sans doute. Mais la valeur marchande est aisément mesurable. Un produit qui ne se vend pas est d’emblée déclaré mauvais. Mais s’il se vend, il est bon. Et si l’on en vend beaucoup : il est très bon. Ainsi, cas courant, la valeur est mesurée en termes de chiffre des ventes. Une limite entre le «bon» et le «mauvais» est ainsi définie, encore qu’une telle différence soit liée au goût du jour et aux tendances ..

Il en va de même pour cette distinction ancienne (mais aujourd’hui régnante) qui sépare les riches et les pauvres i (Les individus comme aussi les nations). 

« Le riche et le pauvre se rencontrent
C’est le Seigneur qui les a fait tous les deux »
                                          Proverbes 22,2

Encore faudrait-il que l’un et l’autre le sachent !

Au lieu de cela, certes :
« Les amis du riche sont nombreux » (Proverbes 14,20), ce qui est une réalité fort ancienne à en croire les proverbes bibliques. 

« Le pauvre parle en suppliant
Le riche répond avec dureté »
                     Proverbes 18,23

En effet, de tous temps :

« La fortune du riche est une ville forte »
                                       Proverbes 18,11

Mais, sur un autre plan, l’image de la ville (jadis ceinte de murailles) peut être utilisée pour signifier  une réalité différente : le passage à une attitude intérieure suppose des limites gardées:

« Une ville forcée, une ville sans murailles
tel est l’homme qui n’est pas maître de son souffle »
                                                   Proverbes 25,28

Et voici que la limite posée est proprement humaine : garder la maîtrise de son souffle, le vent de la colère, sans quoi l’être humain est comme une ville ouverte à tous les vents…

Autre usage encore (autre limite !) : aucun cadre religieux ne peut être la simple reproduction d’usages solennels et de pensées anciennes. C’est ainsi que le prophète dénonçait la religion de son temps :

« … un commandement humain, une leçon apprise »
                                                        Esaïe 29,13

Ainsi, la religion définit autrement ses frontières : un conformisme religieux peut respecter une tradition déclarée «sacrée» et s’éloigner fortement de toute religion véritable. Autant dire que les limites définies par tradition peuvent être contraires aux exigences d’une religion intérieure. Vieux débat !

Limites culturelles et religieuses

Toute communauté humaine a connu ou connaîtra des changements. A limites nouvelles : sociétés nouvelles et cultures nouvelles ! Moyennant quoi nos ancêtres les gaulois sont, peu à peu, devenus des gallo-romains et nous parlons aujourd’hui une langue néo-latine. De même, les langues officielles des indiens d’Amérique sont des langues européennes, coloniales d’abord, nationales ensuite. De tels exemples pourraient être multipliés…

Mais, dans tous les cas, il n’est pas d’ensemble sans limites. L’actuelle Europe devra bien un jour définir ses limites, sous peine d’éclater, telle la grenouille qui -selon la fable- voulait se faire aussi grosse que le boeuf ! Il faudra bien alors que ses limites géographiques soient connues et acceptées.

D’autre part, une Europe vieillissante est appelée à se transformer, peu à peu, par le fait que sa population s’enrichit d’apports étrangers à sa population d’origine. Malgré les résistances, un changement de société est inévitable. C’est donc un « vivre ensemble » qui doit être cherché et trouvé et qui, finalement, bon an mal an, s’établira. Les frontières culturelles de jadis ne seront, sans doute, pas celles de demain.

De fait, toute une part de notre société a des origines « étrangères » plus ou moins lointaines. Beaucoup de français ont des ancêtres italiens, espagnols, portugais, polonais, arméniens etc… Pour autant, il n’y a pas plusieurs catégories de français. Tous sont les mêmes citoyens : l’origine n’a rien à faire ici…

La nouveauté cependant est la masse encore sentie comme « étrangère » d’une population issue, en grande partie, de régions du sud de la méditerranée. Le phénomène est récent, mais à la nouveauté s’ajoute l’étrangeté : cette population n’a pas le même héritage fait de références à l’esprit gréco-latin, aux sources chrétiennes, à la Renaissance, aux Lumières, aux sciences modernes, à la rationalité occidentale… L’histoire crée ainsi des frontières intérieures ! Une erreur serait de croire que de telles frontières sont «naturelles», alors qu’elles sont liées à une époque, à un état de société. 

Bien entendu, une histoire différente n’est pas moins digne que la nôtre. D’ailleurs, la civilisation musulmane a connu ses heures de gloire. L’Andalousie en témoigne. Cet âge d’or a été un sommet d’une civilisation tolérante où musulmans, juifs et chrétiens vivaient côte à côte. Les exclusions sont venues plus tard, surtout avec la « reconquête ».  L’intolérance et le racisme, de même, sont apparues avec les colonisations et autres dépendances. Ces temps sont déjà loin, certes, mais ils ont laissé des traces…

Rappelons que les «races» n’existent pas. Il n’est qu’une seule race humaine. En termes bibliques : tous les hommes sont «fils d’Adam». Cependant, si les races n’existent pas, par contre, les racismes existent ! Ainsi, des limites imaginaires peuvent être redoutables…

Mais de même que l’on n’est pas chrétien parce qu’on est « d’origine chrétienne », de même, ne sont pas musulmans tous ceux qui sont « d’origine musulmane ». D’ailleurs, une religion doit être longuement apprise, et les usages traditionnels ne sont qu’un support, certes précieux mais, en quelque sorte, indicatifs. Ils peuvent être le support d’une sensibilité religieuse particulière, mais non une détermination. C’est l’indication d’un chemin, non le chemin lui-même.

Les origines culturelles ne sont pas davantage déterminantes. Ces enfants, fils ou petits-fils d’immigrés, même s’ils connaissent la langue de leurs parents, sont cependant scolarisés dans la langue du pays d’accueil. Ce qui est bien logique et nécessaire.
Pourtant il ne faut pas perdre de vue que la religion est une part de l’identité des peuples. C’est une langue… Une langue de nos attentes, de notre espérance, de notre esprit.  C’est ainsi que ces langues diverses peuvent, au plus profond, se reconnaître, lors même qu’elles sont différentes. Evidemment, il en est ainsi hors de tout syncrétisme, lequel serait peu respectueux des personnes.

Des nombreux étages de notre histoire, il importe de connaître l’étage que nous habitons. Et il peut ainsi arriver qu’un même étage soit habité par des personnes apparemment différentes et cependant semblables.

 » Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes appelés à reconnaître les limites de toute forme de religion. Qu’elle soit chrétienne, hindoue, bouddhiste ou musulmane, chaque religion est conditionnée par le temps, le lieu et les circonstances. Toutes leurs formes extérieures sont destinées à passer, comme dit le verset du Coran : « Tout ce qui est sur la terre passera, la face seule de Dieu restera permanente » (55,26). » (2)

Identités plurielles

Il n’est pas d’identité sans différences. En sorte que la question est : quelles sont ces différences ? On peut, certes, s’en tenir à des différences ethniques, religieuses, culturelles etc… Il est à craindre qu’une identité ainsi définie ne soit illusoire.

En effet, honnêteté, sincérité, droiture, solidarité… traceraient d’autres limites et, en tous cas, des territoires différents, étrangers aux découpages évoqués au début. D’autre part, ce sont justement nos limitations qui, parfois, nous donnent d’appréhender un horizon beaucoup plus vaste :

 » Bien que les pieds de l’homme n’occupent qu’un petit coin de la terre, c’est par tout l’espace qu’il n’occupe pas que l’homme peut marcher sur la terre immense. Bien que l’intelligence de l’homme ne pénètre qu’une parcelle de la vérité totale, c’est par ce qu’elle ne pénètre pas que l’homme peut comprendre ce qu’est le ciel. » (3)   

Le sage chinois rappelle ainsi une réalité incontournable. Vivre est aussi faire reculer, pas à pas, les limites de notre compréhension.  Le savoir peut être mesuré ; la sagesse ne peut pas l’être… sauf si le mesureur est lui-même un sage.

En outre, nous sommes riches de nos différences, voire de nos manques -si toutefois ces manques sont reconnus. Nos limites sont ainsi ce qui nous donne de voir au-delà de notre horizon. De même, nos rêves ou nos désirs agrandissent notre présent, immanquablement.  Ainsi, une limite reconnue est une porte ouverte.  

                                                     Notes

(1)  Cf. Nouvelle Bible Segond (NBS), édition d’étude, p 822, note 1O. 

(2) Bede Griffiths : Expérience chrétienne et mystique hindoue, Paris 1995 (éd. Albin Michel), p 147. 

(3) Tchouang-Tseu : L’œuvre complète (Philosophes taoïstes, bibliothèque de la Pléiade), p. 282

Esprit d'avant