ATTENTION, FRAGILITÉ

« Attention, je suis fragile ! »

« Je suis fragile. Ne pas toucher ! »

Quelques écriteaux tout simples,  à côté de polyèdres posés en équilibre,  mettent en garde les enfants qui s’éparpillent au sein de l’exposition – atelier : « Point. Ligne. Surface. Volume » , à la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris,  au Palais de Chaillot, où Fabien Vienne, expose ses travaux en matière d’architecture, urbanisme et design immobilier . Ils sont imagés par de petites constructions,  combinaison des formes et des motifs géométriques qui sont l’ossature de jeux adaptés aux petits et grands, et d’habitations faciles et rapides à mettre en place : il y a place pour que les jeunes mains avides de créativité s’exercent un peu plus loin dans la pièce.

 La définition de la fragilité est physique :  fragile, ce  « qui se brise, se casse facilement, par sa nature même », dans le Petit Robert, et la vaisselle de ma grand-mère en a su quelque chose…

 Il faut donc de la distance, du respect en prévision d’un risque potentiel, d’une menace sur cet objet précieux , surtout s’il est intimement lié à la vie d’une personne à qui il appartient.

 La fragilité, c’est aussi la vulnérabilité, trait fondamental du vivant, forcément éphémère et mortel sur cette terre. Le nouveau-né, le tout-petit, ont  besoin d’amour et de soins pour se développer, le germe et la semence aussi : ils sont une promesse de vie… Le vieillard, la personne malade sont éminemment  fragiles et nous touchent, nous apprennent à vivre dans cette limite qui nous concerne tous, parents, soignants : il s’agit bien de soigner, stimuler, réagir, face à une adversité qui s’acharne parfois. Il arrive heureusement que la vie résiste et jaillisse avec une force d’autant plus magnifique qu’on la croyait éteinte… Nous savons bien alors que nous sommes tous fragiles et vulnérables.

  Ma propre fragilité est le terreau d’une ouverture possible à l’autre, elle me permet de recevoir avant même de donner et je devine qu’il n’y a pas de communion, de relation possible sans cette humilité foncière.  « Il n’empêche, me disait un ami proche à la veille de sa mort, la fragilité, quand on est en plein dedans, c’est vraiment difficile, insupportable à vivre.. ».

 Alors, la fragilité, condition et force de vie, ouvre à une nécessaire complémentarité avec l’autre pour être solide. Comme les polyèdres assemblés de Fabien Vienne : merci à lui. Courez vite au Palais de Chaillot !

Esprit d'avant