Une dynamique pour l’avenir

La religion, telle que définie par les dictionnaires, est un ensemble de doctrines et de pratiques qui constitue le rapport de l’homme avec la puissance divine.

L’étymologie du mot renvoie au verbe « legere » ramasser ou lire ou à « religare » relier. Relecture ou relation, l’énoncé du religieux vient se poser sur du déjà existant et pour cela pourrait avoir place du côté des certitudes et institutions reconnues. Or il n’en est rien. La nature du lien et ce qu’il relie, la nature de la lecture et ce sur quoi elle se pose ne cessent d’être en question, comme ne cessent d’être questions s’il s’agit d’intériorité ou de dépassement, du plus intime de l’intime ou du sociétal dans la religiosité.

En quoi la religion est force active au cœur d’un groupe ou d’un individu est ce que nous nous attachons à étudier tout d’abord :

Jean Baptiste de Foucauld par la confrontation des deux termes « économie » et « prophétisme » invoque le réveil d’une véritable démocratie respectueuse de toutes les dimensions humaines. Ce pourrait être un « travail d’église » que retrouver une interprétation symbolique du monde qui ouvre la voie à des projets d’actions pour résister aux déséquilibres de la richesse et annoncer la venue du « plan divin ».

Lorsqu’il s’interroge sur la place de la religion dans nos sociétés et sur la diversité de ses visages,  Jacques Chopineau rappelle que ce sont bien souvent des faits culturels et sociaux qui sont appelés religieux, suscitant des disparités parfois rivales, alors que le spirituel qui en est la source est en son fond unicité.

C’est en étudiant tour à tour le domaine des artistes et des philosophes que Jean Louis Vieillard-Baron explore les capacités d’expression et de création de l’homme. Il souligne que l’âme n’est pas une illusion comme l’ont dénoncé les époques rationnelles et scientifiques mais véritablement un être métaphysique, un principe d’individualité irréductible à la matérialité sur lequel peut s’ériger la vie religieuse. 

La dimension d’intériorité à l’œuvre pour une vision apaisée de l’extérieur nous est donnée comme une expérience par l’installation video de Bill Viola « pièce pour Jean de La Croix »  qui interroge la relation entre l’univers clos et la lumière, et invite à percevoir ce que peut être un véritable espace intérieur.

La lecture de la Bible ouvre à la rencontre de la figure remarquable du prophète Amos que Jacques Chopineau nous montre sous son aspect surprenant de prophète paysan pour qui la religion n’est certes pas une coutume mais une manière de penser et d’agir, en quête de justice.

Enfin, si l’appartenance à une religion est avant tout éprouver en elle et par elle une force vive, c’est dans sa capacité à avancer et à se renouveler qu’elle peut être reconnue.

Jacques Chopineau nous invite à désigner l’essentiel pour un retour aux sources du Christianisme selon les termes de la prière brève « que je me connaisse, que je te connaisse » par laquelle Augustin indique la voie sur le chemin de la connaissance, le premier pas en nous et en dehors de nous, tourné vers moi et vers ce qui n’est pas moi.

A la suite d’Yvon le Mince,  nous découvrons dans les nouvelles religions et les religions traditionnelles un point de rencontre lorsque ceux qui les vivent se posent les questions essentielles qui les portent dans leur espérance.

Mohammed Jamouchi, invitant à la relecture du Coran, insiste sur la nécessité de renouveler les exégèses puisque le texte qui porte réponse aux interrogations sur le monde est immuable alors que les interrogations changent.

Lorsque la promesse d’avenir cesse d’être l’affirmation d’un au delà et prend place au coeur de notre présent pour agir pour le meilleur, sans doute est-ce là que s’ouvre la religion.

Catherine Luuyt 

Bulletin n°3 - Religion

Chroniques

– Economie et prophétisme.
J.B. de Foucauld
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– Des religions
J. Chopineau
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– L’intériorité religieuse
J.L. Vieillard Baron
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Regards

– Pièce pour Saint Jean par Bill Viola
C. Luuyt
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Lectures

– Amos. Un prophète paysan.
J. Chopineau
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Discussion ouvertes

La religion est appréciable pour autant qu’elle porte en elle la capacité à se renouveler. N’aurait elle pas pour mission de transmettre l’avenir ?

– Pour un christianisme renouvelé.
J. Chopineau
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–  Religions traditionnelles et nouvelles quêtes de sens.
Y. Le Mince
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– Relectures des textes fondateurs de l’Islam.
M. Jamouchi
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