Comment fonder l’avenir

Tradition : voilà bien un mot qui est souvent pris à contre-sens dans le langage courant ! On en fait parfois un synonyme d’attachement au passé, de répétition d’usages anciens, de conservatisme démodé… Au point que « traditionnaliste » est parfois un synonyme de « conservateur ». D’ailleurs, un tel sens restrictif est parfois, malheureusement, justifié. C’est, en tout cas, une approche bien différente qui est ici mise en avant. 

Différentes approches ont ceci en commun qu’elles disent –en leur domaine particulier- ce lien qui nous attache à un ensemble, à un passé dont nous sommes héritiers. … et propre à éclairer ainsi notre présent. 

Rappelons que le mot latin traditio vient du verbe : tradere (transmettre). Il ne s’agit donc pas de répétition ou de conservation. Dès l’origine, la transmission n’était pas une simple répétition, mais le passage du témoin.

Et de même, dans une course, transmettre le témoin est un acte volontaire qui ne va pas sans effort. Si la transmission est fautive, la course est perdue. Il s’agit d’un acte présent et non d’une répétition du passé. 

Pas de tradition sans effort nouveau. Loin d’être une forme de conservatisme, une tradition suppose un désir de maintien d’un lien ancien dans un monde nouveau. Qu’aujourd’hui l’essentiel ne se perde pas.

Il ne s’agit pas d’une habitude ancienne conservée –voire imposée. Mais une volonté d’être fidèle et de transmettre à nouveau, même s’il faut pour cela adapter le reçu à une situation nouvelle. 

Dans le cas contraire –celui du rejet de toute tradition- la porte est ouverte aux modes subjectives qui –telles un tourbillon- entraînent le navire tantôt vers le grand large, tantôt vers les récifs. Si je ne commande pas aux vents, ce sont les vents qui me commandent. 

Dans ce cas, gare au naufrage ! De ce naufrage, d’ailleurs, nous voyons les effets actuels. Notre monde de bruit et de vitesse est aussi parfois le monde de l’oubli. Mais l’oubli –voire le mépris- des traditions anciennes n’est pas une avancée. L’ignorance n’est jamais une vertu. Un monde qui ne sait pas d’où il vient, ne sait pas non plus où il va. 

A quoi la chose est-elle semblable ? Les traditions sont une lumière sur la route ou un gouvernail pour le navire. Une boussole qui –contre vents et marées- indique le nord. La route peut être difficile, mais la boussole rend visible la direction…. 

La route, parfois, semble belle, mais si elle ne mène nulle part : c’est un chemin dangereux. C’est encore l’image de l’arbre qui s’élève, mais qui n’a pas de racines. Car les traditions sont semblables aux racines. L’humain sans racines est alors emporté par la tempête. 

Les contributions qui suivent sont –chacune à sa manière propre- un témoignage de ce lien qui nous unit à cet antérieur dont nous sommes les héritiers et, surtout, les porteurs du témoin.

Jacques Chopineau

Bulletin n°4 - Imaginaire

Chroniques

– Sources et traditions.
J. Chopineau
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– Entre modernité et tradition.
J.B. de Foucauld
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– Traditions musulmanes.
M. Jamouchi
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– Après ou d’après.
C. Ruby
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Lectures

Ruth et la tradition.
J. Chopineau
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Discussions ouvertes

– Art martial et tradition.
B. Decharneux
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–  Tradition et paysage. Les trognes.
D. Mansion
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– Tradition et catastrophes
A. Southern
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