Cet intime qui nous dépasse
S’interroger sur l’imaginaire c’est s’efforcer de dépasser les apparences de la réalité et tenter de la dépasser elle même. Tout d’abord, déchiffrer les ombres et rechercher la vérité qui les anime. Peut-être aussi réveiller les forces qui sommeillent en nous pour faire face à cette réalité insatisfaisante et la prolonger, la parfaire ou simplement la comprendre ? C’est avant tout un travail entre l’intérieur et l’extérieur.
Jacques Chopineau nous invite à être attentifs à l’écriture de la Bible qui permet à de simples notations de prendre la dimension d’annonce, transforme les paroles ordinaires en paroles éveillantes. C’est alors que l’on appelle imaginaire, ce sens profond qui irrigue sagesse et visions.
Christian Ruby met en garde contre la tendance à appeler « fruit de l’imagination » ce qui semble simplement inhabituel alors que l’imagination est la condition qui structure l’expérience désirante et lui confère un pouvoir de transformation.
Ralph Dekoninck rappelle que la confrontation de l’homme aux limites de sa puissance ou de ses rêves est une constante. S’il tente de rivaliser avec la création initiale à travers les figures mythiques ou actuelles d’un double mécanique, il ne voit de réalité animée que là où il met sa foi.
En inscrivant l’annonce du salut dans d’étranges figures de pierre empreintes du règne végétal et animal, les sculpteurs romans choisissent une expression qui va bien au-delà de la raison et rejoint la perception dans ses dimensions fondamentales tout autant que les formes élaborées des symboles. C’est ainsi que Chantal Humbert nous invite à découvrir le message vif et imagé des chapiteaux de Chauvigny.
En un dessin intense où les nuages, les montagnes et les œuvres humaines s’interpénètrent, Ollontay Aragon fait de nous les spectateurs d’un échange continu entre les énergies des contours du réel et les possibles des formes construites. Cet échange à l’œuvre serait –il l’imaginaire ?
Les associations de mots ou de situations, les évocations, les déplacements conduisent le sens d’une parabole au cœur même de celui qui l’entend. C’est ce que Jacques Chopineau nous fait découvrir par sa lecture de la parabole du Samaritain et c’est ici l’invocation du sensible qui est la force de l’imaginaire.
Trois témoignages nous font pénétrer plus avant dans le processus de transformation qui partent de l’imaginaire.
Michaël Stora montre que le déroulement et l’identification possible dans les jeux virtuels en font un espace privilégié pour recréer des expériences de construction de soi et de découvertes.
Benjamin Lazar entrouvre la vision d’univers imagés et d’inventivités dans des domaines multiples, musicaux et plastiques, que permet la création de spectacles théâtraux.
Laïta raconte comment elle puise dans son expérience de peintre et de plasticienne pour développer le « Jeu des Images » auprès des enfants malades afin de les aider à retrouver en eux la force créatrice de l’art vivant.
L’imaginaire est une force intime qui nous dépasse et nous permet de renouer avec nos énergies les plus profondes. Il fait écho à tout étonnement qui réveille la vie et lui donne ampleur.
Chroniques
– Quel imaginaire ?
J. Chopineau
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– Le formatage de l’idée d’imagination
C. Ruby
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– Choisis la vérité qui te rend un dieu
R. Dekoninck
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Regards
– Les chapiteaux romans de Chauvigny
C.Humbert
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– Formes du réel, réel des formes
O. Aragon
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Lectures
– Une parabole. Le bon Samaritain
J. Chopineau
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Discussions ouvertes
– Le virtuel sera-t-il un monde sans fin ?
M. Stora
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– Le spectacle théâtral. Coalescence des sensibilités.
B. Lazar. Propos recueillis par C. Petit
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– Imaginaire. Entre interprétation et résonance.
Laïta Dubois des Vallières
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