La part de l’homme
Selon bien des cultures, le nom de l’homme est celui de la terre : Adama, terre en Hébreu, donne Adam, le premier homme. Humus, donne humain et humanité.
La terre est notre mère. Est-ce progrès que s’en affranchir ? Les hommes découvrent, travaillent, organisent. Plus nombreux sans cesse sont ceux qui trouvent leur force en elle, plus riches et plus puissants aussi. Mais en même temps, la terre s’étiole et s’appauvrit. Le développement, pour être une conquête, n’en est pas moins un danger.
Il serait vain de prétendre camper une vision exhaustive de la santé de la terre, de notre santé, alors que c’est elle qui nous nourrit. Nombreux sont les colloques ou les médias qui s’en chargent. Nous tentons seulement de situer quelques-uns des problèmes posés par la question de l’homme et de sa sensibilité, de sa part de responsabilité dans l’évolution actuelle de la « terre », ce que nous en voyons, ce qu’elle nous apporte, en quoi elle nous porte ou supporte.
La terre mère est-elle bonne ? A cette question, première s’il en est, qui conditionne la relation de l’homme à la terre, la réponse des récits les plus anciens est violente et difficile. Sabine Gayet nous fait découvrir les mythes de la création selon les traditions assyro babyloniennes et maya, grecque et dogon. Sans doute est-ce là en dimension épique ce que nous vivons face aux séismes et aux cyclones. A une échelle plus mesurée, l’équilibre peut exister, être compris et perdurer. C’est la vision et le comportement auxquels nous invitent Yasmine Evieux lorsqu’elle nous présente les principes de l’agroforesterie et Claude et Lydia Bourguignon lorsqu’ils nous permettent de comprendre la nature et l’évolution de ces sols qui nous noourrissent.
La terre est-elle belle ?, est une autre question. La terre nous parle. L’homme peut inscrire ses gestes et son action dans son rythme, dans son histoire. C’est dans ce respect et cette tension que se travaille un paysage ainsi que nous le révèle Michel Corajoud : « le pacte du paysage ». Les sols et les roches portent l’empreinte de longues maturations et la promesse d’éclosions. Les photographies de Jean de La Tour nous invitent à le voir.
Le lien entre la terre et l’homme, culture et foi, se lit sur les visages de ceux qu’elle nourrit. Chantal Humbert nous permet de découvrir cette empreinte dans les peintures de Millet et de VanGogh : Millet, Van Gogh – Terre, travail et foi. Jacques Chopineau rappelle la force du lien homme-terre pour la définition d’un peuple et de ses attaches.
Faire fructifier la terre, cela suppose-t-il d’en arracher ceux qui en tirent leur équilibre et leur identité ? Les pratiques des spéculateurs que dénonce Alain Gascon en observant la transformation de la propriété sur le continent africain : « Main basse sur les terres arables » sont comparables à bien des spéculations foncières sur d’autres continents. En décrivant Les mutations de la terre dans le coeur des hommes, Marcela Gereda et Argan Aragon nous montrent comment la disparition de la relation symbolique avec les éléments premiers ouvre la voie à des relations marchandes dont on est plus facilement dépendant que dominateur.
Observer les migrations, comme nous y invite Catherine Wihtol de Wenden, c’est apprendre à dissocier la culture, les ressources et l’attachement, dans un monde de plus en plus mobile.
Sans doute faut-il apprendre à créer de nouveaux liens entre la terre qui apporte subsistance, le lieu des rencontres et le périmètre de la culture. Sachons y préserver le respect et l’étonnement.
Catherine Luuyt
– La terre mère est-elle bonne ?
Sabine Gayet
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– L’agroforesterie
Yasmine Evieux
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– Les sols qui nous nourrissent
Claude et Lydia Bourguignon
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– Le pacte du paysage
Michel Corajoud
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– Les terres nous parlent
Jean de La Tour
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– Millet, Van Gogh – Terre, travail et foi
Chantal Humbert
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– Le lien homme-terre
Jacques Chopineau
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– Main basse sur les terres arables
Alain Gascon
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– Les mutations de la terre dans le coeur des hommes
Marcela Gereda et Argan Aragon
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– Choisir sa terre – Un monde de plus en plus mobile
Catherine Wihtol de Wenden
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